Le 2 Juin, c’était la Journée Mondiale du Tourisme Responsable, complément de la Journée Mondiale du Tourisme (qui lui ne serait donc pas responsable). Cette Journée rappelle le rôle essentiel du tourisme dans l'économie de nombreux pays depuis le 27 septembre 1980, date à laquelle l'OMT avait décidé d'un événement destiné à révéler l'impact de cette activité sur notre planète.
Depuis 2003, la Journée Mondiale du Tourisme Responsable le 2 juin fait écho à l'Année internationale de l'écotourisme des Nations Unies (2002), cherchant à mettre en œuvre des politiques et des pratiques plus responsables, pour s’adapter au paysage touristique qui a radicalement évolué lors des dernières décennies. Depuis plus de 20 ans, de professionnels, des universitaires, des institutionnels discutent des meilleures pratiques pour le présent et l'avenir.
Depuis 20 ans, les colloques, assemblées, fédérations, groupements multiplient les thèses, les labels, les études, les rencontres, et autres tables rondes entre institutionnels chercheurs et experts pour examiner les tendances de l'industrie, les politiques, l'engagement des parties prenantes, la sensibilisation, la réglementation et la coopération. Entre temps, le surtourisme a dépassé les limites du raisonnable, du fait du nombre croissant de visiteurs et des politiques de prix discountés qui ont causé la dégradation de l'environnement et des infrastructures, annihilé l'expérience authentique du voyage, sans parler des impacts négatifs sur les résidents allant jusqu’à exiger que « les touristes rentrent chez eux ».
Trop souvent, la contribution ou même l’avis des principaux concernés par ce besoin d’approche holistique n’est pas pris en compte. Il s’agit d’abord des communautés locales, au coeur de la planification et de la prise de décision touristiques qui subissent les impacts du surtourisme, en termes de menace climatique, impact environnemental, perte du patrimoine culturel ou aggravation des inégalités sociales. De même, les professionnels locaux en charge de créer les programmes, et les voyagistes qui en assurent la distribution sont trop souvent exclus de ces échanges. Enfin, on demande rarement l’avis des clients (ce qu’on appelle la demande en termes marketing) pour déterminer ensuite les évolutions possibles de l’offre.
La fameuse rivalité entre la fin du monde et la fin du mois…
Certes, en théorie, chacun est sensibilisé par les impacts de son voyage. Les mêmes valeurs statistiques démontrent chaque année que 70% des personnes interrogées sont désireuses d’apporter une touche responsable à leur voyage…. En tout cas, en théorie …Parce que dans la pratique, quand il faut choisir entre un forfait à 299€ la semaine intégrant vol low-cost et un all inclusive d’une part, et un programme qui a du sens avec prestations d’hébergement authentiques, rencontres communautaires pour près du double du prix, c’est le porte-monnaie qui parle et les bons sentiments qui s’évanouissent sur l’autel du pouvoir d’achat.
Faut-il une Journée Mondiale du Tourisme Responsable pour apprendre aux destinations à se gérer ? Pour expliquer aux professionnels qu’ils scient la branche sur laquelle ils sont assis et prêtent le flanc à toutes les critiques ? Pour convaincre les clients qu’il serait temps d’appliquer aux voyages les mêmes réflexions et attitudes responsables qui gouvernent désormais leurs choix alimentaires ou options vestimentaires ?
Faut-il une Journée Mondiale du Tourisme Responsable pour réaliser qu’un voyage philanthropique rend accessible à tous cette approche bienveillante du tourisme d'impact, non seulement en contribuant à collecter des fonds pour les œuvres caritatives, mais également en soutenant des entreprises locales ? Faut-il une Journée Mondiale du Tourisme Responsable pour que les institutionnels gestionnaires des destinations (secteur public) s’accordent avec les professionnels prestataires et distributeurs touristiques (secteur privé) afin de réfléchir aux causes profondes du surtourisme et ses impacts sur les villes historiques, les parcs nationaux, les zones protégées, les sites du patrimoine mondial, les villes balnéaires, etc… ?
Faut-il laisser la génération Z dépendre des recommandations de voyage postées sur les réseaux sociaux en faisant exclusivement confiance aux diktats des influenceurs du voyage quand, et c’est un paradoxe, la recherche du terme « voyage durable » a parallèlement augmenté de plus de 60 % dans les recherches mondiales.
Si la Saint Valentin est l’unique jour de l’année où certains pensent à offrir des fleurs ou des cadeaux à l’élu(e) de leur cœur, ne pourrait-on pas imaginer que seuls des voyages responsables devraient être commercialisés chaque 2 juin, mettant l’accent sur la durabilité, l’inclusion et l’accessibilité, afin de comprendre le pouvoir des voyages éthiques et régénératifs ?
La Saint Valentin du voyage responsable