La “malbouffe”, c’est l’appel des gastronomes et épicuriens à une compréhension meilleure de ce que nous ingurgitons, vilipendant tour à tour les conditions de production et de transport, les modifications génétiques, les oukases des industriels et des distributeurs afin de nous mettre en garde sur les conséquences médicales, sociales et environnementales de nos choix alimentaires.
Parce que les répercussions du tourisme de masse s’avèrent être principalement négatives, le terme « surtourisme » a été inventé pour souligner les impacts négatifs sur les destinations et les communautés, nous inciter à adopter des pratiques durables et des approches inclusives, dans le but de favoriser un développement équitable, un respect de l’environnement, atténuant les effets négatifs de l’industrialisation.
La technologie, l’accès aux plateformes de réservation y ont largement contribué. Elles s’en défendent, mentionnant l’apparition de filtres et de critères de recherche pour trouver des hébergements, des options de transport et des voyagistes respectueux de l'environnement afin de s’adresser aux 82 % de voyageurs soucieux de voyager de façon durable*. Ces mesures cosmétiques dans les algorithmes de recherche négligent l’essentiel.
Concevoir, réserver un voyage ne doit plus etre considéré comme un simple achat, mais s’accompagner d’un sentiment d’investissement dans des valeurs. Choisir une destination et un mode de transport aurait dû refléter une conscience sociale et environnementale.
La technologie à elle seule ne peut pas apporter les changements durables dont nous avons besoin. C'est l'élément humain, le changement de mentalité, qui permettent à ces solutions de perdurer et multiplie leur impact.
Alors que la technologie évolue à un rythme de plus en plus rapide, le tourisme connaît une évolution inexorable vers la durabilité. À la croisée des chemins entre la sensibilisation à l’environnement et les innovations numériques, la technologie du voyage devait construire un avenir plus vert et devenir la force motrice du tourisme durable, encourageant le respect de l’environnement et les pratiques de voyage responsables, au-delà de la simple amélioration de l’expérience des voyageurs et modifier notre perception en intégrant des considérations éthiques et une responsabilité environnementale.
Mais c’était avant que les influenceurs deviennent des curateurs de voyages, et que les plateformes de médias sociaux, TikTok et Instagram en tête, viennent catéchiser les tendances, supplantant les professionnels du voyage . Les moins de 30 ans utilisent les réseaux sociaux comme première étape de leurs recherches de voyages pour les guider dans le choix de leur destination, tendance en augmentation constante au cours des 20 dernières années. « La technologie en elle-même n’est pas un miracle. Elle doit aussi s’accompagner d’un changement de mentalité ».
Le surtourisme de masse est un problème et un défi qui ne relève pas seulement de l’apparition des vols bon marché, d’une technologie avancée, d’un meilleur pouvoir d’achat des pays émergents ou des tendances exacerbées par les réseaux sociaux. Il est critiqué pour ses contributions à la pollution, à la perte de biodiversité entre autres problèmes environnementaux, la marchandisation des cultures et du patrimoine. Les bénéfices socio-économiques qu’il engendre ne profitent qu’à certains alors que des zones éloignées, pauvres en ressources pourraient bénéficier de cette manne indispensable à l’ économie locale et mettre un terme à l’exode d’une population en manque de débouchés professionnels.
Bien sûr, tout le monde est d’accord pour faire des choix plus durables et plus éthiques dans sa vie quotidienne et il en est ainsi des projets de voyage. Facile à dire, mais pas facile à faire ? Jusqu’où peut-on aller en termes de sacrifice personnel et de gestion budgétaire quand un voyage en train dure deux fois plus de temps et coûte deux fois plus cher qu'un vol low-cost. Où s’arrêtent les valeurs et l’altruisme quand une chambre et petit dejeuner dans un 3* authentique, respectueux de l’environnement, géré localement, coute le double d’un 5*en all-inclusive, pension complète et alcool à volonté ?
*Etude Booking.com 2023, mais ce sont les mêmes indices sur différents sondages et enquêtes depuis plus de 20 ans…
Malbouffe et tourisme de masse, mêmes combats ?